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La
cathédrale de Chartres |
Comment
construisait-on une cathédrale ? |
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La cathédrale de Chartres ne s’est pas faite en un jour
ni en une seule fois ! Le premier édifice fut ravagé en 1194 par un terrible
incendie. Il ne restait que deux tours et la façade principale. Il fallait
donc entreprendre une partielle reconstruction, dont l’évêque Regnault de
Mousson prit l’initiative. On rassembla une immense troupe de maçons,
artisans, volontaires de tous métiers. C’est l’auteur des « Miracles de Notre Dame de
Chartres » qui en 1262 raconte cette épopée (en vers). Jehan de Marchant écrit ainsi : Lors vint gens de toutes parts, Qui en charrettes et en chars Grands dons à l’édifice apportaient Tant y venaient de pèlerins Et par voies et par chemins Que c’était une grande merveille. Mais cette bonne volonté n’aurait pas été suffisante. Il
fallait de l’argent et des dons. Le clergé eut alors l’excellente idée de
convier les fidèles à venir prier La vierge exauçait tous ceux qui la priaient , dit
Le Marchant et les prisonniers, liés et encloués dans leurs cachots,
brisaient leurs fers et leurs clous et apportaient à Chartres leurs chaines
brisées, leurs anneaux rompus et les offraient en reconnaissance de leur
délivrance. |
Cette précision permet de supposer que les prisonniers
étaient employés sur le chantier de la cathédrale. Le récit poursuit : la renommée des miracles fut
répandue dans le pays et sur les lieux lointains. Les uns apportaient du
froment, les autres de l’avoine, de l’orge, les autres du fer et du plomb,
des métaux de toutes sortes, des vins blancs ou vermeils, des anneaux et des
colliers d’or. D’un autre coté venaient des gens qui offraient joyaux
d’argent, hanaps, coupes et vases et l’on mettait tout en vente. Les deniers que l’on tirait étaient partagés aux
ouvriers, qui étaient en grand nombre et travaillaient avec ardeur car ils
avaient bonne paie. Chaque nuit ils veillaient et il y en tant dans l’église
qu’ils n’y pouvaient tenir. Il fallait que la plus grande partie couchât dans le
cloître. Si bien que les petits qui pour dormir venaient de nuit à l’église
ne pouvaient entrer au cloître. De la région autour, les curés des paroisses venaient en
procession, amenant leurs provisions en grande foule, jeunes, vieux. La méthode se révéla efficace. Le commerce chartrain
trouvait son compte. Les plus grands personnages avaient contribué à cette
entreprise populaire ; Philippe Auguste, Richard Cœur de Lion, et même
Saint Louis qui, dit-on aurait dédicacé la cathédrale en 1260. Gaston Brillant |
Légendes et énigmes |
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Soumise à bien des épreuves, la cathédrale de Chartres elle-même
possède cet étrange pouvoir de faire et défaire les légendes. Certains mystères
n'y ont pas encore été résolus et alimentent bien des polémiques, prises
entre religion, Histoire et croyance populaire, pour ne pas dire
superstition. Elle n'en est que plus charismatique et plus épanouie dans sa
Gloire. Le site par
lui-même, déjà au temps des Gaulois et un lieu propice aux mystères. Les
Carnutes qui y vivaient lors de la conquête romaine en ont fait leur lieu
sacré, à moins que Chartres ne soit le nom plus précisément de l'autel sur
lequel les druides de la région commettaient leurs cérémonies, bien avant
donc notre ère chrétienne? Le temps
s'écoule et ne laissera aucun repos. N'est-ce pas un temple qui fut construit
à cet endroit? Un temple païen dans lequel s'abritait un puits, un puits dans
lequel auraient été jetés les premiers martyrs chrétiens? Une légende l'affirme,
un guide touristique l'indique. Ce puits
situé alors dans la crypte sera restauré lors du premier incendie de la
cathédrale en 1020... Et c'est à ce moment-là que l'on commence à entendre
parler d'un personnage très particulier et tout aussi sujet à controverses
qu'il est « encombrant », un personnage dont peut-être l'Eglise se serait
bien passée, mais dont on dit qu'il serait encore dans le sein de la
cathédrale aujourd'hui: Cette
crypte, qui porte ce puits dévorant les chrétiens, est devenue un lieu de
prières et d'offrandes, de pèlerinage et de louanges à Un deuxième
incendie ravagea la cathédrale en 1134. Puis encore longtemps après, un
troisième qui ne fut pas davantage clément en 1194. Au milieu des
décombres, on avait cependant retrouvé, unique survivant à cette dernière et
totale destruction qui n'avait épargné que la façade et le portail royal, une
relique, fragile et pourtant sauvée des flammes, un fragment de la chemise de
C'est Saint-Louis qui verra la reconstruction achevée de la cathédrale en 1260, et la
dédira à Marie. Deux vierges pour un seul culte, voilà qui ne fait pas l'affaire de
l'Eglise. De toute évidence, il y en avait une de trop. Les
autorités ecclésiastiques finissent par trouver que la « plaisanterie» va un
peu trop loin, taxent cette vénération de superstition et font murer le puits
en 1654. Mais si la cathédrale de Chartres, avec ses vitraux qui sont
considérés comme les plus remarquables du monde, ses iconographies et ses
statues et bas reliefs
tenus pour se lire comme un livre ouvert sur, le catéchisme et une initiation
complète aux deux testaments, nouveau et ancien, elle ne manque pas d'étonner par bien d'autres de ses
caractéristiques. Premier
étonnement, son orientation, qui
contrairement aux autres lieux de cultes chrétiens est tournée vers le
sud-est et non vers l'Est, Ses sculptures et ses décorations ont de quoi surprendre également
si l'on pense, entre autres, que nulle part ne figure une représentation de
la crucifixion alors que l'on ne peut que voir les thèmes astrologiques avec
ses signes du zodiaque entourer la scène de l'Ascension. Mais le plus
surprenant est sans doute son labyrinthe qui étend son énigme au-delà de nos
frontières. |
Dans la nef, l'enroulement de ses anneaux de dalles sur plus de deux
centaines de mètres conduisant au rappel de ce combat entre Thésée et le
Minotaure a bien de quoi laisser interdit, dans une cathédrale. De l'avis de
certains, le trajet indiqué par ce tracé est initiatique, chargeant le corps
d'une force tellurique avant de préparer son âme à s'élever une fois parvenu
en son centre. Pensons également aux quatorze cours d'eau qui se rejoignent sous
l'ancien autel. ..et qui sont rappelés par sept colombes à deux becs dans la
crypte où se trouve la vierge noire. L'alliance de ces forces aurait eu une
influence notoire sur les pèlerins. La plus controversée des présences dans
cette cathédrale n'en reste pas moins celle de cette vierge « qui devait
enfanter ». Les versions sont nombreuses quant à son existence, sa présence
et sa reconnaissance, et c'est peut-être l'une des légendes les plus
troublantes. La vierge noire est tenue pour être la
garante d'une spiritualité oubliée venant du plus profond de notre histoire,
à son image et attachée à tout ce qui se rapporte à la fertilité et à la
guérison. Portant un enfant sur le genou, elle fit souvent le mécontentement
de l'Eglise catholique qui, sans choquer ses fidèles, la dissimule sous de la
peinture blanche ou bien la fait discrètement disparaître. Mais au Moyen-Age, cette Madonne noire
était bel et bien respectée et protégeait les chevaliers du Temple et les Teutoniques,
partant en guerre avec eux, sur les étendards. Sa noirceur était rattachée à
la noirceur des infidèles, parée d'une couronne, elle célébrait les cultes
rattachés à la lune et aux étoiles, un culte typiquement païen. Et c'est là
tout son drame. On sait pourtant que les fidèles dès la
messe, descendaient dans sa crypte souterraine pour l'adorer, discrètement,
dit-on. A Si elle existe, ce que d'autres encore
nient fermement, elle serait donc dans la crypte de la cathédrale, près du
puits, et aurait été vénérée bien cent ans avant la naissance du Christ sous
le nom de « celle qui devait enfanter ». Et ce voile « de la Vierge» n'est-il pas le sien? Le paganisme est resté vivace dans nos esprits, et cette imagerie se
mêle à la dévotion mariale. La vierge noire, symbole de sexualité, de
fertilité et la fécondité n'est évidemment pas comparable à Mais à Chartes, si l'on en croit la légende, elles sont là, l'une et
l'autre. L'une en haut, près du ciel, l'autre en bas près de la terre. Et si
l'on ne veut en voir qu'une, personne ne pourra plus visiter la cathédrale
sans penser à l'autre.... |
Le Labyrinthe de la cathédrale de Chartres |
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Tous ceux qui ont joué à la marelle ou au jeu de l’oie, et qui y jouent
encore, ne savent sans doute pas que les jeux enfantins ont été inspirés par
les labyrinthes qui remontent à la plus haute antiquité. Le plus bel exemple
beauceron, parmi les quelques 70 qui existent en Europe, se trouve à la
cathédrale de Chartres. Il rejoint les plus éminents spécialistes du monde
entier. Ceux-ci n’ignorent pas que leur histoire a franchi les périodes des
civilisations égyptiennes, arabe, grecque, romaine, pour arriver à notre
Moyen Age, et même aujourd’hui à … Disneyland ! La légende du minotaure, de Thésée, de Dédale ou d’Ariane (le fameux
fil d’Ariane), a inspiré cette mystérieuse construction, ainsi que les danses
rituelles plus ou moins folkloriques de certains pays. En effet, le
labyrinthe est universel, et religieux, dans tous les continents, y compris
en Amérique, bien avant la « Découverte » de Christophe Colomb
… Pourquoi dans les cathédrales, après les traditions païennes ? Parce que la vie est un parcours qui emprunte un chemin de lumière,
vers l’inévitable « sortie » que constitue la mort. On en trouve aussi, de plus agréables, dans les jardins. En ce qui concerne Chartres, le labyrinthe de la cathédrale s’inscrit
dans un cercle adapté à la largeur de la nef, espace de Il développe un parcours de C’est ainsi que le labyrinthe
de Chartres est entouré des « 113 dents » de l’Islam, probablement
importées d’Espagne au temps des grands pèlerinages. La spirale ainsi imaginée symbolise la vie et l’évolution de l’espèce
humaine. Son caractère mystérieux attire les foules en Beauce et ajoute à son
rayonnement spirituel. |