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Henri-Albert
Mignot-Bozérian (1878-1938),
l'inattendu. |
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Henri-Albert
Mignot est né à Cloyes le 4 juillet 1878 dans
une famille de la moyenne bourgeoisie. Son mariage lui permet d'entrer
dans une grande famille de parlementaires, celle des Bozérian, nom qu'il
accole au sien, voire même avec une particule (Mignot de Bozérian). Faisant
figure de petit notable conservateur, raillé par ses adversaires, il se lie à
une puissante famille de parlementaires, emporte un siège de député et,
contre toute attente, fait preuve à la chambre d’une grande activité. |
Une image ambiguë. A son entrée dans la vie professionnelle, il se déclare agriculteur,
et s'établira à Cloyes (Autheuil) sur la ferme du Theillet (ou Teillay selon
la graphie contemporaine), dans laquelle il a investi une part de son
héritage. Il s'y lance dans l'agriculture, employant six ouvriers agricoles
sous la direction d'un chef de cultures; auxquels s'ajoutent une servante,
une femme de chambre et un cocher. Il se porte ensuite acquéreur du château
du Rossignol. Vivant désormais de ses rentes, II peut se consacrer à son
ambition qui le porte vers la politique. A l'occasion d'élections partielles, il se fait en effet élire le 24
juin 1906 conseiller municipal dans le petit village d'Autheuil, où il
obtient quasiment l'unanimité avec 40 Voix sur 43 votants; sa position
sociale l’impose naturellement à l'équipe municipale et il devient maire le
15 juillet suivant. |
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Henri-Albert
Mignot est né à Cloyes, dans une famille aisée de commerçants en ascension
sociale du coté paternel, et de bonne bourgeoisie du côté de sa mère. Son père,
Paul-Alfred, négociant à Orléans et lui-même fils d’un marchand de fer de la
ville, épouse en 1871 Camille Maria Guilpin, une jeune veuve, fille d’un
huissier de Cloyes, maître de la loge « L’honneur de La famille
représente ainsi parfaitement ces couches nouvelles, objet des sollicitations
de Gambetta et ses républicains, qui se lancent alors à l’assaut des
fonctions électives à la faveur du triomphe de la démocratie dans toute le Beauce. Après des
études au collège de Vendôme, le jeune homme ne cherche pas à faire d’études,
rompant ainsi avec les habitudes de son milieu social, et opte pour le métier
des armes, influencé peut-être dans son choix par son beau-frère, officier d'infanterie. De fait, il
s'engage volontairement dans l'armée le ler avril 1897 pour
trois ans. Il en sort finalement en 1902, avec le grade de sergent fourrier
au 20e régiment de ligne. Déjà, Mignot semble avoir pris quelques
distances avec son milieu d'origine. |
Les
premiers succès Ambitieux,
désirant asseoir son influence mais se heurtant à de solides rivaux déjà en
place au conseil général, handicapé par des prises de position qui le font
qualifier de réactionnaire, il se rabat sur une circonscription peu
prestigieuse emporte le 24 juillet 1910, au second tour, le siège de
conseiller d'arrondissement pour le canton de Cloyes, avec 51 % des
suffrages, malgré un recul spectaculaire de 400 voix entre les deux tours. Il
semble qu'il a bénéficié de la désaffection profonde qui touche le conseiller
sortant, le républicain Arolus Levassor. Dorénavant, i1 dispose d'un
véritable strapontin pour se faire reconnaître à l'échelle de
l'arrondissement. La même année, il épouse à Paris, Lucie Jeannotte-Bozérian, âgée de 26
ans, et se lie ainsi à une puissante famille de parlementaires. Lucie est, en
effet, la fille de Gaston Bozérian, député du Loir-et-Cher de 1893 à 1899,
date de sa mort, et la petite fille de Jean-françois, Jeannotte-Bozérian,
sénateur du même département de 1876 à sa mort en 1893. Désormais,
Henri-Albert accole à son nom
celui des Bozérian, et s'emploie à faire jouer la renommée de sa
belle-famille comme une preuve de légitimité républicaine. Le couple aura
une fille, Gisèle, née en 1907, et qui épousera en |
Une famille aisée Lorsqu'il se
marie, Henri Mignot se trouve bien installé. Ses grands-parents maternels,
décédés dans les années 1860, ont laissé une fortune coquette mais encore
modeste, inférieure à Lorsqu'il
épouse Jeannotte Bozérian, Il peut ainsi faire bonne figure: Il possède
la ferme de Teillay, riche de ses Au terme d'un parcours marqué par une forte volonté et un positionnement
habile, Henri-Albert Mignot-Bozérian devient député de Châteaudun et ne tarde
pas à révéler de réelles qualités à |
Une présence active à la chambre Inscrit,
comme il s'y était engagé pour rassurer le comité républicain, dans le groupe
de la gauche démocratique (qui se situe en fait à droite sur l'échiquier
parlementaire), il gagne Porté en 1924 sur la liste républicaine d'union nationale, il est
battu par la liste conduite par Maurice Violiette qui emporte tous les
sièges. Cette défaite sonne la fin de sa carrière parlementaire. Installé au
Rossignol, belle demeure entourée de Au terme d'un parcours semé de
difficultés, fort de soutiens conquis de haute lutte, ne doutant pas de
lui-même, Il était ainsi parvenu à se faire un nom, déjouant tous les pronostics
ironiques qui le précédaient. |
À L'élection de Mignot en |
Le
représentant de la nouvelle droite Très tôt,
Henri Mignot-Bozérian semble en bute à la méfiance, voire à I'hostilité de l'administration
préfectorale qui le juge sévèrement : «Homme sans grande valeur, très
ambitieux, d'une intelligence médiocre, il ne parait pas devoir exercer dans
la région une Influence appréciable » Assurément, Mignot, n'avait pas été
évalué à sa vraie valeur. Alors que lui même se proclame démocrate, le préfet le qualifie en
1912 de réactionnaire. Vice-président du Dunois, le second grand syndicat
agricole d'Eure-et-loir, rival du SADEL et marqué par, le catholicisme
social, Mignôt semble en effet bénéficier de la tradition d'opposition du
canton. En fait, loin de l'héritage monarchiste et clérical d'Amédée
Lefèvre-Pontalis, il incarne l'apparition d'une nouvelle droite républicaine
et conservatrice. née après 1899 de l'affaire,Dreyfus et du rejet de la
majorité de défense républicaine, puis de la politique anticléricale du bloc
des gauches. Il rallie en cela d’anciens républicains de gouvernement, qui
appartenaient à la majorité méliniste mais qui se sont trouvés rejetés vers
l'opposition voire des grandes figures parlementaires, opposées aux leaders
radicaux, à l'image de Poincaré et de Deschanel. Mignot quelque peu isolé en 1912, est rejoint après les législatives
de1914 par les cousins Maunoury, (Gustave étant inscrit à Fédération
républicaine, le grand parti de droite, alors que Maurice, initialement
radical modéré, a glissé au centre droit). Il semble au demeurant qu'à cette
date, Mignot se soit rapproché de Paul Deschanel, avec qui il partage en 1919
1'étiquette de républicain de gauche (siégeant, en fait à droite). |
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Joël Dubos. |
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